Fonio
Digitaria exilis
Parmi les céréales traditionnelles, le fonio, est considéré comme la céréale locale la plus ancienne d’Afrique de l’Ouest. Selon la mythologie des Dogons, l'un des peuples maliens, le créateur forgea l’univers en brisant un grain de fonio, qui était situé dans "l’œuf du monde". Les Dogons du Mali pensent donc que l’univers a été créé à partir d’un grain de fonio.
Dans une région s'étendant du Sénégal au Tchad, le fonio assure une nourriture à plusieurs millions de personnes et constitue ainsi une denrée stratégique pour accroître la sécurité alimentaire des populations.
Le fonio est une culture robuste qui pousse très bien sur des sols peu profonds, sablonneux, rocailleux, inappropriés pour la culture d’autres céréales. Il nécessite peu d’intrants et est très bien adaptée à la sécheresse et aux terres peu fertiles. La température moyenne lors de la période de croissance va de 20, à 25-30 ºC.
Le fonio pousse dans des régions où les précipitations annuelles moyennes vont de 150 à 3 000 mm, mais il est le plus souvent cultivé dans des régions où les précipitations varient entre 900 et 1 000 mm par an. Il ne résiste pas aussi bien à la sécheresse que le millet perlé mais les cultivars à croissance rapide, qui arrivent à maturité en huit semaines seulement, sont particulièrement bien adaptés aux régions aux pluies brèves et incertaines. Dans les régions où les précipitations sont les plus faibles, il est cultivé dans les vallées où il peut bénéficier des eaux de ruissellement.
L’un des obstacles majeurs qui empêchent la hausse de la production de fonio est la longue et difficile transformation de cette céréale. Ce petit grain est traditionnellement décortiqué et moulu par un travail fastidieux effectué par des femmes qui utilisent un pilon et un mortier.
Parallèlement, l’urbanisation et ses changements ont fait grimper la demande en aliments sophistiqués et transformés par l’industrie alimentaire, entraînant ainsi un changement des habitudes alimentaires, où l’on privilégie les grains non-traditionnels aux céréales secondaires. La consommation de fonio comme aliment traditionnel a donc diminué, surtout dans les zones urbaines.
Pour mieux valoriser le fonio, l'Union Européenne a financé un projet de recherche international.
Ce projet, intitulé FONIO, est coordonné par le CIRAD et il mobilise des équipes interdisciplinaires de trois pays européens (France, Hollande, Belgique) et de quatre pays africains (Mali, Guinée, Burkina Faso, Sénégal).
A l’étude, les conditions d’une meilleure compétitivité des filières locales pour que le fonio puisse constituer une alternative de diversification de la production et une source de revenus accrus pour les producteurs et les transformateurs locaux.
Ce projet cherche également à évaluer l’incidence du développement d’une filière d'exportation sur l´évolution de la filière locale.
Une filière française est encore à construire!